Dans cette nouvelle étape du chapitre Thioly cherche à articuler les deux approches par leur complémentarité enrichissante. L’HIE permet une pratique plus complète et augmente l’efficacité des TCC. L’état d’hypnose met en action des aires cérébrales utilisées lors d’expériences réelles et impacte plus qu’une simple remémoration, il permet notamment d’expérimenter tout de suite de multiples contextes.

De nombreux états pathologiques présentent des états de dissociation et l’induction hypnotique permet de se rapprocher plus de ce que vit le patient. Il permet également de retrouver les autosuggestions automatiques négatives pour en sortir. De retrouver des situations ayant ancré des réactions gênantes, et par là-même, de restructurer autrement le monde mental tout en évitant le travail de persuasion souvent laborieux et peu efficace du cognitiviste. Et enfin, de favoriser l’apport du fonctionnement non conscient et intuitif apportant souvent l’idée lumineuse (grâce à son fonctionnement en parallèle) à laquelle n’accède pas la pensée rationnelle séquentielle.

L’HIE se propose comme une posture plus riche mettant l’accent sur l’au-delà du scientifique, sur l’indicibilité du réel, sur l’humain qui ne se réduit pas au limite de la science. Contre Hull, Erickson s’oppose au protocolaire de laboratoire qui prive l’homme d’une partie de ce qui le constitue. Le concept ericksonien de « boîte noire » est commun avec les TCC mais l’hypnothérapie va bien au-delà.  L’état d’hypnose, état d’attention élargie, de « perceptude » selon Roustang, est l’art dans lequel le thérapeute, comme le patient, entre en osant à chaque rencontre la singularité non standardisée. Il s’agit d’imiter Erickson dans son état d’esprit, de foi en la vie, en l’auto-guérison, dans l’auto-réparation, d’oser être soi avec ses forces comme ses faiblesses mais non de l’imiter extérieurement dans sa technique pour faire comme lui. Il s’agit d’une certaine foi dans les processus vitaux pour passer du « faire » à « l’être ». Dans cet état les métaphores et les suggestions prennent le relais d’un protocole censé guérir. Tout ce discours échappant à la psychologie scientifique, et si l’on y ajoute le « lâcher-prise », échappe à tout modèle mécaniciste, afin de permettre l’autoguérison.

C’est enfin l’apport des TCC à l’hypnothérapie qui est développé mais très succinctement. L’idéal de HIE pouvant être stressant, les TCC apportent un cadre pratique de travail et des techniques utiles. La structure des TCC est rassurante et permet alors au praticien connaissant les deux approches de laisser ses inspirations se déployer en confiance. Pour terminer le chapitre Thioly expose un protocole de changement de comportement en 3 séances et plus précisément d’arrêt du tabac combinant HIE et TCC. Je rejoins bien François Thioly sur l’idée d’enrichir la pratique hypnothérapeutique de techniques externes et j’ai pour ma part mêlé l’hypnose à la PNL, ce qui m’a apporté un cadre technique utile, rendu très performant en hypnose et apporté une certaine sécurité affective de travail.

Adrien Saxod, Doctorant en hypnothérapie, praticien en hypnose, formateur en auto-hypnose.

Rapport du livre : Traité d’hypnothérapie, fondements, méthodes, applications. Sous la direction de Antoine Bioy et Didier Michaux, Ed. Dunod, 482 pages, 2019, ISBN 978-2-10-080018-6

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