Le traumatisme en lui-même pose question. On ne peut déduire un trauma directement d’un évènement, mais depuis ses répercussions et la façon dont l’évènement est reconnu et pris en compte ou non. La clinique montre que parfois l’individu ne prend pas en compte la gravité de ce qu’il vit et donc ne considère pas comme légitime ses ressentis et éprouvés. Il faudra faire le chemin à rebours pour respecter le vécu et légitimer ce qui est ressenti. Sinon le sujet ne peut plus faire confiance à ses propres sensations, ce qui est dévastateur, une certaine inaffectivité peut s’installer. Le recadrage de la situation demeure le plus important pour favoriser la résilience avec le soutien d’un thérapeute à l’écoute. En passant par Freud, Winnicott, Abraham et Torok, Balin et Schneider, les auteures abordent succinctement la question du traumatisme. On pourrait dire avec Piaget, pour rassembler les citations de ces nombreux auteurs, que l’assimilation n’a pas lieu car le sujet ne s’accommode pas de l’épreuve qui l’a sidérée (Abraham et Torok pour la sidération), c’est comme un corps étranger qui reste dans le psychisme (Freud). Il n’en demeure pas moins difficile parfois d’identifier ce qui a traumatisé, là où les liens signifiants ont manqué.

Le traumatisme clive le psychisme en séparant brutalement la conscience de l’éprouvé. La personne, dans son souvenir, est déconnectée du ressenti et voit les éléments de l’extérieur. La transe hypnotique à des ressemblances avec ce processus, l’aspect violent en moins. En fonction du moment du trauma, avant, pendant ou après l’acquisition du langage, la mémoire en est différente. Il ne peut être que dans l’éprouvé avant l’acquisition du langage. Par rapport à l’inconscient du clan familial, il n’y a pas de trace mnésique, sauf corporelle. Ainsi seules les techniques spécifiquement corporelles permettent de les atteindre. De l’autre côté du spectre, lorsque le souvenir est là mais qu’il n’est pas éprouvé, il faudra prendre le temps car la peur de l’excès de souffrance peut empêcher la reconnexion.

L’accompagnement de la régression se fait par étape. Il faut en finalité permettre, selon Winnicott, de révéler le vrai self, la confiance donnant au thérapeute la fonction de self de garde pour permettre à la régression d’atteindre des niveaux extrêmement profonds. La place de l’hypnose évolue, une fois un lien de confiance établi, de l’utilisation de techniques stratégiques vers une relation à l’être humain dans sa totalité. Le respect entier pour ce qui est ressenti est une expérience toute nouvelle pour le patient. L’élément passé, clivant pour l’esprit, ramenant sans cesse le sujet en arrière, est pour la première fois entendu. Des techniques, ou la simple verbalisation, permettent la catharsis. Le sujet est guidé entre régression et progression. Une fois renforcé intérieurement, il peut reprendre le risque de vivre, ayant traversé ses douleurs intérieures.

Adrien Saxod, Doctorant en hypnothérapie, praticien en hypnose, formateur en auto-hypnose.

Rapport du livre : Traité d’hypnothérapie, fondements, méthodes, applications. Sous la direction de Antoine Bioy et Didier Michaux, Ed. Dunod, 482 pages, 2019, ISBN 978-2-10-080018-6

Découvrez le livre d'Adrien Saxod : 21 Poésies Hypnotiques: Manuel de poésies hypnotiques

Découvrez le stage d'auto-hypnose thérapeutique.