L’hypnose apporte à la gestion de la douleur la possibilité de séparer la composante sensorielle de la composante affective. Elle permet d’opérer un changement en rendant premier l’expérience subjective du sujet sur la douleur elle-même. Deux études appuient cela. La première expose un sujet à qui l’on donne des suggestions négatives. Dans ce cas, la détresse augmente. Le cortex cingulaire antérieur est plus actif. Le patient témoigne d’une expérience plus désagréable mais sans augmentation de l’intensité de la douleur. Dans cette même expérience, mais avec des suggestions positives, la douleur n’était pas modifiée mais elle dérangeait nettement moins. Dans le second protocole une distraction sonore est appliquée. Pendant la distraction la sensation de douleur diminue mais s’il regarde la douleur pour voir si elle a varié : elle a augmenté ! L’hypnose est donc différente de la distraction. Enfin, le savoir impacte la souffrance. Si le patient cherche du sens à ce qu’il vit, en trouver diminue la souffrance.

L’auteure explique ensuite les bénéfices de l’hypnose. L’hypnose étant transthérapeutique, elle se donne comme les médecines douces : en prenant en compte l’individu en entier corps-esprit et dans son monde relationnel. Elle est une transe à l’instar des transes traditionnelles et ne perçoit pas le corps comme une machine biologique complexe. L’effet placebo est un lieu commun qui témoigne de l’influence des suggestions, cet effet s’inscrit dans le rapport confiant avec un praticien. Miller et Barabasz ont démontré que la relaxation n’est pas nécessaire à l’analgésie, mais que cette dernière est renforcée par des suggestions analgésiques. L’hypnose modifie donc les différentes composantes de la douleur. Elle peut par exemple faire varier les seuils douloureux (Benhaiem). Le patient a le pouvoir de configurer son monde de sens. En dépassant ses croyances, il peut créer un nouveau monde. Il découvre alors de nouvelles ressources et peut se sentir mieux. L’hypnose est un état de communication interne plus vaste, incluant sensations, émotions et pensées.

Un exemple final témoigne du faux-self, décrit par Winnicott comme le self d’un enfant qui se dissocie de ce qu’il est pour entrer sagement dans le projet de ses parents. Il montre comment une jeune fille diminue sa migraine grâce aux changements de vision du monde et de soi. Elle entre dans une nouvelle relation au monde.

En conclusion l’hypnose donne toute sa place à l’imaginaire. Et permet d’être ici et maintenant en se sentant exister sans faire d’effort. Cette description de l’hypnose repose sur une vision de l’humain qui n’est pas une machine, pas juste un producteur efficace, pas simplement un être conforme aux autres. L’hypnose est holistique et prend l’humain dans toutes ses composantes sensori-discriminatives, émotionnelles, imaginaires et pensées. Le fonctionnement même de la transe invite à penser de cette façon. L’hypnose invite donc à repenser la relation douleur-souffrance. A prendre le patient de façon globale : sa douleur ou souffrance et le monde avec lequel il est en relation, en permettant de changer sa vision intérieure en changeant son ressenti subjectif. Ceci s’inscrit dans une communication patient-thérapeute d’écoute et de qualité.

Adrien Saxod, Doctorant en hypnothérapie, praticien en hypnose, formateur en auto-hypnose.

Rapport du livre : Traité d’hypnothérapie, fondements, méthodes, applications. Sous la direction de Antoine Bioy et Didier Michaux, Ed. Dunod, 482 pages, 2019, ISBN 978-2-10-080018-6

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