29/ FONDEMENTS D'HYPNOTHÉRAPIE, LES DESTINS THÉRAPEUTIQUES DE L’HYPNOSE, CHAPITRE 11. CÉPHALÉES : MIGRAINES ET AUTRES MAUX DE TÊTE, PAUL-HENRI MAMBOURG. P.P.285-304, PARTIE 2 sur 2
16/11/2023
Suite de la partie 1 : Dans la partie suivante l’auteur apporte des preuves scientifiques du psychosomatisme. Les émotions influencent le corps dans son fonctionnement. Cependant il n’est pas possible de déterminer qui influence qui, en effet, le corps influence aussi les émotions. Ce sont des interactions en boucles qui s’auto-influencent. Le concept « psychosomatique » n’est pas à entendre comme le grand public le comprend, « friand de découvrir les causes inconscientes à l’origine de la maladie », qui est proche du mythe. Ce piège réductionniste est évité par le sérieux de la recherche actuelle qui permet d’aborder les phénomènes dans leur complexité. L’auteur ouvre humblement la voie vers un inconnu qui commence à se découvrir. La recherche « psycho-neuro-endocrino-immunologique » montre que l’interactivité entre le psychique et le somatique est très complexe mais que personne à ce jour n’en connaît les fonctionnements. On ne sait pas pourquoi les mécanismes homéostatiques sont dépassés, ni comment ils produisent des symptômes, des maladies transitoires ou des affections chroniques. Psycho-somatique renvoie à un clivage corps et esprit discutable. Dans les céphalées de tension, oui il y a des symptômes et oui, il y a un état de stress. Dans les migraines, oui il y a de multiples troubles physiologiques et oui, l’inconscient se connecte à des traumatismes obsolètes, c’est-à-dire du passé, et qui ne sont plus présents. Le cerveau fonctionne par association. Tel élément rappelle tel souvenir qui rappelle tel état psychologique et les symptômes réapparaissent. L’auteur conclut en pensant que la plupart des migraineux ont des symptômes obsolètes : l’homéostasie est perturbée et ils se reconnectent à des mécanismes pathologiques précédemment installés.
L’intérêt de l’hypnose tient surtout au fait d’apprendre l’autohypnose au patient. Une auto-hypnose non spécifique pour que le patient se rééquilibre intérieurement. Et une autohypnose spécifique, ciblant les troubles pathognomoniques. L’état modifié de conscience modifie les caractéristiques neurophysiologiques et permet parfois des changements spontanés.
En ce qui concerne le travail thérapeutique, le patient a souvent tout essayé et attend parfois une guérison miracle. Or, l’objectif est de permettre au patient d’apprendre à trouver un état de calme après avoir vécu cet état en séance. L’auteur utilise le paradoxe : demander au patient de ne pas changer ses symptômes mais en évoquant l’amélioration à travers le langage et l’implication du thérapeute grâce aux techniques d’implication. L’anamnèse permet d’obtenir toutes les informations pour fixer le contexte thérapeutique. L’histoire du patient et les traitements qu’il a pris sont essentiels. En effet, certains traitements, ou la prise quotidienne d’antidouleur, peuvent engendrer des céphalées. Le contexte relationnel est également à prendre en compte. Les contextes de déclenchement des céphalées sont extrêmement importants à avoir, mais parfois difficiles à obtenir car le patient n’a pas forcément la capacité de donner ces informations. Parfois le conjoint du patient peut aider. Les constructions mentales sur l’origine du trouble étant souvent erronées, un travail de transformations peut être opéré. Les suggestions sont évidemment importantes et par le truchement de suggestions indirectes, le patient est invité malgré lui à reconsidérer sa pathologie autrement, comme non chronique par exemple. Le patient est encore invité à ne pas « être » le symptôme, mais à avoir un symptôme, ainsi cette dissociation permet de le travailler en préservant la personnalité du patient. Si le patient n’est plus ce qu’il croyait être, peut-on dire que sa personnalité n’est pas fondamentalement changée ? Fragmenter : cette technique permet de ne pas entrer dans l’attente de miracle du patient à la recherche d’hallucinations négatives ou d’analgésie directe. Erickson enseignait que la modification d’élément du symptôme est beaucoup plus facile à obtenir que la suppression, et qu’en changeant certains paramètres (rythme, intensité, durée), correspondant aux calques, cela entraîne l’amélioration et parfois la guérison. Réifier le symptôme, comme l’associer à un étau par exemple, permettra un travail dissocié. Recadrer le mot douleur « chronique » en douleur « répétitive » pour casser la « liaison irrémédiable » de la douleur dans le temps. Focaliser : la première séance permet de faire passer déjà de nombreuses suggestions sous le couvert de l’anamnèse. L’auteur utilise au maximum les suggestions indirectes, et par des questions orientées vers ce qui va, il focalise l’attention du sujet sur du positif, visualiser un futur à l’aise. Il finalise cette première séance par une rupture de schéma en amenant la personne à prendre conscience qu’elle seule est en mesure de calmer sa douleur et l’oriente ainsi vers l’apprentissage de l’auto-hypnose. L’adaptation est la clé pour favoriser les petits changements qui vont changer la situation. Il propose ensuite une liste d’une page d’outils spécifiques pour la gestion des céphalées. Enfin, 3 techniques sont proposées pour la gestion des céphalées et une autre pour les migraines. Les statistiques de Mambourg montrent une amélioration de la qualité de vie des patients à hauteur de 2/3 d’entre eux.
Adrien Saxod, Doctorant en hypnothérapie, praticien en hypnose, formateur en auto-hypnose.
Rapport du livre : Traité d’hypnothérapie, fondements, méthodes, applications. Sous la direction de Antoine Bioy et Didier Michaux, Ed. Dunod, 482 pages, 2019, ISBN 978-2-10-080018-6
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