3/ Fondements d'hypnothérapie, Les destins thérapeutiques de l’hypnose (partie 1 sur 3), , Thierry Melchior. p.p.19-42

03/04/2021

3/ Fondements d'hypnothérapie, Les destins thérapeutiques de l’hypnose (partie 1 sur 3), , Thierry Melchior. p.p.19-42

Après un bref historique, l’auteur mentionne deux voies opposées de compréhension de l’hypnose. Celle de l’école de Paris, où l’hypnose est un état psychophysiologique, un « état » de conscience particulier, et celle de Nancy pour laquelle l’hypnose est suggestion. S’ajoute à cela une autre polémique : l’hypnose est-elle fiable pour une exploration de la psyché humaine, pour retrouver des traumas et enfin pour aider à en guérir ? Théorie évidemment soutenue par les étatistes de l’école de Charcot. D’autres, anti-étatistes, de l’école de la suggestion, ne pense pas que l’hypnose permette de retrouver des souvenirs « supposément » amnésiés. Certains penseurs de ce dernier courant admettent l’utilité de l’hypnose pour son efficacité mais sans s’engager sur la réalité ou non de « l’état ». L’objectif est de répondre à « Comment se fait-il que la controverse perdure ? » et à « Comment y voir plus clair dans la nature des phénomènes en jeux dans les processus qualifiés d’hypnotiques ? »

L’approche communicationnelle ouvre la première partie. Une conception liée à la façon d’envisager l’humain, c'est-à-dire l’individu en occident, qui est un mythe pour l’auteur, a focalisé l’attention sur ce qu’il se passe « dans » l’hypnotisé et a empêché d’être attentif au type de communication spécifique. La monotonie de l’induction met le sujet en sécurité. Son attention à l’extérieur, liée à la survie, s’en trouve diminuée, ce qui induit une baisse de la vigilance et amoindri la conscience qui est présente dans l’exercice de la volonté (notion mise en doute et travaillée plus loin). Le pacing, l’accompagnement fait perdre l’origine d’une parole extérieure. Le sujet entre alors dans une communication non plus interpersonnelle, mais intra-personnelle. L’hypnotiseur passe dans l’hypnotisé. L’hypnotiste devient l’intra-locuteur. Le « je » et le « tu » se brouillent et la voie de l’hypnotiste gagne en légitimité, ses messages favorisent la concrétisation de ce qu’ils disent. Ce procédé communicationnel « viole » le code habituel de dialogue, le « principe d’altérité » dans lequel chacun est chez soi et sait ce qu’il ressent, l’autre pouvant se tromper. Il en va de même pour la psychanalyse car le patient accepte de laisser l’analyste savoir aussi bien que lui, sinon mieux, le sens de ce qu’il vit. Elle n’est pas dans une franche rupture avec l’hypnose… A ce stade du pacing doit-on parler d’hypnose ? En tout cas de communication suggestive qui favorise une modification du vécu, cette expérience différente peut être qualifiée d’hypnogène.

Melchior montre ensuite que la communication hypnotique est relativement pauvre par ses ratifications mais qu’elle suggère de petits recadrages successifs puis un méta-recadrage, un grand recadrage : « vous êtes en hypnose », ou tout autre synonyme. L’hypnose se présente comme un monde à l’envers où l’inconscient agit à la place du conscient, ou l’involontaire agit à la place du volontaire, ou l’état a changé. Ainsi tout ce qui se vit est interprété autrement. Cet état repose sur une communication performative qui utilise un mot flou tel que hypnose, un signifiant vide. Déjà Janet en 1889 disait que l’état somnambulique ne présentait pas de caractère qui lui soit propre. Ce flou l’est d’autant plus que l’état normal d’être au monde est flou lui aussi, passage supposé d’un état flou vers le flou d’un autre état. Ainsi l’extension de compréhension de ce qu’est l’hypnose est d’autant plus vaste. Une polémique ne pourra pas disparaître sans savoir de quoi l’on parle. D’un point de vue pratique, le méta-recadrage permet au sujet d’obtenir ce dont il n’a pas accès ordinairement. L’auteur en conclu que l’hypnose est « une sorte de folie –relativement maîtrisée, potentiellement thérapeutique – à deux ». Si l’hypnothérapeute ne fourgue pas ses propres limites et croyances au sujet, alors le recadrage permet une immense liberté en libérant l’hypnotisé du mythe occidental de l’individu. Enfin, la communication hypnotique prive l’acte de son auteur, un bras se déplace mais c’est un autre auteur, tel que l’inconscient. Mais cette manière de faire, efficace, n’oblige pas le thérapeute à croire à l’existence d’un auteur second.

Adrien Saxod, Doctorant en hypnothérapie, praticien en hypnose, formateur en auto-hypnose.

Rapport du livre : Traité d’hypnothérapie, fondements, méthodes, applications. Sous la direction de Antoine Bioy et Didier Michaux, Ed. Dunod, 482 pages, 2019, ISBN 978-2-10-080018-6

Découvrez le livre d'Adrien Saxod : 21 Poésies Hypnotiques: Manuel de poésies hypnotiques

Découvrez le stage d'auto-hypnose thérapeutique.

Contactez-nous

Chers utilisateurs, ce site stocke les cookies sur votre ordinateur.
Ils ont pour but d'améliorer l’expérience de votre site Web, tout en vous fournissant des services plus personnalisés. Les cookies sont également utilisés pour la personnalisation des publicités. Si vous souhaitez plus d’informations sur les cookies que nous utilisons, veuillez consulter notre Politique de confidentialité. En acceptant les cookies, vous consentez à leur utilisation. Vous pouvez également paramétrer ces derniers. Si vous refusez, vos informations ne seront pas suivies, au moment de visiter ce site. Un seul cookie sera utilisé dans votre navigateur pour mémoriser votre préférence de ne pas être suivi.
Paramètres cookies