35/ FONDEMENTS D'HYPNOTHÉRAPIE, LES DESTINS THÉRAPEUTIQUES DE L’HYPNOSE, CHAPITRE 14, Abord hypnotique des états traumatiques, Philippe Villien, p.p.341-354, partie 2 sur 2

15/06/2024

35/ FONDEMENTS D'HYPNOTHÉRAPIE, LES DESTINS THÉRAPEUTIQUES DE L’HYPNOSE, CHAPITRE 14, Abord hypnotique des états traumatiques, Philippe Villien, p.p.341-354, partie 2 sur 2

Le point commun des techniques d’hypnose d’Erikson est la confusion. Il est donc remarquable que ce qui crée un évènement capable de susciter un trauma colle à l’état même d’hypnose. S’ensuit une longue liste de manifestations cliniques allant de la désorientation temporelle, aux actions automatiques, en passant par la déréalisation. L’ensemble de ces phénomènes se classe en deux groupes : ceux renvoyant à des phénomènes hypnotiques courants et ceux montrant des signes de dissociation. Le premier groupe montre la possibilité pour les personnes atteintes d’entrer en transe alors que dans le second cas ils sont déjà dissociés, donc déjà en transe. L’intérêt de l’hypnose se dévoile. La dissociation fait partie des signes présents au moment d’un trauma, mais en même temps elle protège en mettant une distance avec ce qui se passe et en évitant de recevoir un tsunami émotionnel ingérable et pouvant remettre en cause l’équilibre mental. Le paradoxe de cette stratégie de défense devient défavorable car elle est responsable, en le permettant, du syndrome de répétition. Les soins classiques se sont heurtés à l’échec probablement à cause de la dissociation : les patients ne guérissaient pas en allant se confronter directement à l’évènement ingérable pour eux, même en état d’hypnose. Alors comment s’y prendre ? Tout d’abord l’utilisation de la dissociation est préconisée lorsque le sujet utilise ce mécanisme de défense par lui-même (involontairement). L’hypnose utilise alors la technique de la simple ou double dissociation. Les sujets répondent favorablement et facilement à ce regard extérieur porté sur la scène vécue et l’émotionnel est alors gérable, un travail de libération peut alors se produire. En revanche, dans le cas des traumas suite à des répétitions cela n’a pas la même efficacité et une hypnose plus à distance et encore plus indirecte sera plus efficace.

En ce qui concerne la prévention en amont d’un trauma, elle semble impossible a priori car comment se prémunir des surprises de la vie ? Quant à la prévention faisant suite à un trauma, l’hypnose commence tout juste à prendre une place au sein des Cellules d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP), mais en réalité peu de praticiens ont l’occasion d’intervenir. L’hypothèse soutenue par Villien est de ne pas chercher le sens de ce qui s’est produit, mais la réassociation de l’individu. Cette voie est confirmée dans sa pratique et perceptible à travers deux cas cliniques et une métaphore. Dans le premier cas, un militaire s’en veut de n’avoir pas répondu à la demande d’un autre militaire dont il était responsable, ce dernier se suicida. Villien utilisa la technique de la double dissociation, sans recherche de sens, mais en modifiant une bonne partie des submodalités. Le patient a été soulagé. Dans le second cas, il s’agit d’un évènement répétitif d’agression sexuelle pédophile. Dans ce cas : reconnexion à la petite fille, apport de ressource, puis un monologue contre l’agresseur à travers une photo (imaginaire) a permis à la patiente de tourner la page et de libérer sa vie sociale, amoureuse et sexuelle, en faisant diminuer l’agressivité ressentie envers la gente masculine. Aucune recherche de sens non plus, mais la possibilité d’exprimer l’incompréhension et la colère. Pour ma part je pense que le recadrage est le secret de la transformation, et que le sens fait sens. Le sens donné à l’évènement, ou plutôt le nouveau sens qui peut être apporté à l’évènement, permet tout autant un recadrage que la variation des submodalités ou la simple expression verbale des émotions, et qu’il ne faut pas a priori se priver de ce moyen. Ce qui est délicat, si l’on utilise le recadrage de sens, c’est la capacité à trouver ce nouveau sens. L’auteur conclut en donnant la priorité de sa vision du soin : soulager, soulager la douleur. Il narre l’histoire d’un indien voulant à tout prix savoir qui lui avait lancé cette flèche… et qui mourut en refusant le soulagement de la douleur !

Adrien Saxod, Doctorant en hypnothérapie, praticien en hypnose, formateur en auto-hypnose.

Rapport du livre : Traité d’hypnothérapie, fondements, méthodes, applications. Sous la direction de Antoine Bioy et Didier Michaux, Ed. Dunod, 482 pages, 2019, ISBN 978-2-10-080018-6

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